Les activités de la Loire

Déjà bien avant moi, autour du XVIème siècle, la pêche sur la Loire était une activité courante. Mais elle est désormais interdite lorsque je parcours Tours en raison de la perturbation qu’elle occasionne auprès du trafic maritime. En effet, pour attraper les poissons, les pêcheurs ont une technique bien à eux : ils tendent un filet de deux mètres sur parfois cinquante mètres de long, entre deux pieux, afin de rediriger la majorité des poissons vers des endroits plus étroits où les attendent d’autres pêcheurs à bateaux munis de carrelet. J’ai pu les voir pêcher des lamproies, des brochets et des poissons migrateurs, aujourd’hui protégés, comme le saumon Atlantique.  

Les bords de la Loire à Saint-Symphorien
Anonyme, Tours – Les bords de la Loire à Saint-Symphorien, début du XXème siècle –
10Fi261-1138Archives départementales d’Indre-et-Loire

Une enquête des Ponts et Chaussées de 1824 nous informe que 214 tonnes de saumon Atlantique ont été pêchées entre Saint-Nazaire et Gien cette année-là. 

Outre les pêcheurs, la Loire à Tours est occupée par bon nombre d’autres professions. J’ai eu l’occasion de voir des blanchisseuses laver des linges sur les bords du fleuve, mais aussi à bord de bateaux affrétés pour l’occasion. Les meuniers sont également très présents puisque leur activité nous est essentielle, et les moulins ont besoin d’eau pour fonctionner. Quand je me promène à Tours, je peux admirer les cinq cent quatre-vingt-six moulins dénombrés dans la ville. Une grande partie d’entre eux est composée de moulins flottants, ce qui permet de suivre le courant dans le lit de la Loire. Tanneurs et mégissiers font également sécher sur les bords du fleuve leurs tannées et leurs bourres. C’était assez gênant pour se balader près de l’eau, mais aussi pour charger et décharger les marchandises au port. Il existait autrefois un service de transport en commun fluvial entre Tours, Saint-Pierre-des-Corps et Sainte-Radegonde, semblable aux bacs d’aujourd’hui. J’ai pu y voir aussi bien des hommes que des animaux, car les éleveurs profitaient des îles du fleuve pour y faire paître leurs troupeaux.  

Je me rappelle encore les conflits entre les promeneurs des quais de la Loire et les travailleurs, mais aussi entre les travailleurs eux-mêmes. Le pouvoir royal préférait généralement donner la priorité au trafic et arbitrait en faveur des bateliers.  

Entre les années 1820 jusque vers 1850, sous l’influence du rapport du directeur des Ponts et Chaussées Louis Becquey, tout est fait pour permettre au trafic fluvial de s’écouler dans les meilleures conditions possibles. Ce mouvement prend fin avec l’arrivée du chemin de fer en Touraine. 

Bibliographie

  • BEAU Stéphane, Les petits métiers de la Loire à Tours au XIXe siècle. 1800- 1850. Tours, Université de Tours, Juin 1999. Mémoire de Maîtrise sous la direction de Mme. S. April.  
  • CAILLETEAU Jacques (dir.), « La Loire », 303, Nantes, hors-série n°75, décembre 2002. 
  • LECOEUR Yves, « La Loire moyenne naviguée au XIXe siècle : représentations, règlementations et aménagements », VertigO, hors-série n°10, 2011.