En Touraine au XIXème siècle, les habitants mangent, dans le meilleur des cas, quatre repas par jour. Le menu type que je vais vous présenter est caricatural mais vous donnera un aperçu des pratiques alimentaires de la région à mon époque.
Tout d’abord, le petit déjeuner est constitué de lait et d’une soupe. Au dîner, on mange généralement de la viande et des légumes. Puis la collation de seize heures est composée de pain au froment et de fromage. Les fromages principaux de la région étant le fromage de Cussay (rond avec une pointe au sommet laissée par les trous de la faiscine), le fromage de la région de Loches (sous forme d’une pyramide tronquée) et bien sûr le Sainte-Maure fabriqué avec le lait de chèvre caillé à la présure, salé et affiné. Il est conservé dans la cendre.
Puis vient le souper où la soupe est le plat roi qui se décline en fonction des goûts et des saisons : soupe au pain (panade), au lait et à l’oseille, au lait et au potiron, aux légumes (carottes, navets, pommes de terre, poireaux, choux), soupe dorée aux œufs…
Mais en Touraine on mange aussi des fruits dont je raffole. Poires, pêches, prunes, pommes, coings, rhubarbe, cerises, fraises, framboises, groseilles et cassis permettent de faire des confitures et des gelées ainsi que des desserts comme la poire tapée.
Il y a aussi les plats de fête tels que les rillons, que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer. Les morceaux de porc, maigres et gras, poitrine et lard, sont coupés, cuits dans une cocotte avec du saindoux, au feu de bois. Entiers, ils sont égouttés, salés et poivrés. Les rillons sont ainsi consommés chauds ou froids.
Pour le dessert, nous avons les macarons de Cormery. Ils sont fabriqués avec des blancs d’oeufs montés en neige, de la fleur d’oranger et de la cassonade, étendus sur une feuille de papier huilée, et passés au four. Vous retrouverez peut-être à Saché des ustensiles de mon époque tels que des pots à rillettes et à miel en terre de Langeais couleur crème, ornés de cèpes, de feuilles de vigne et de raisin ou encore des faiscines (moules à fromages) en terre ou en fer blanc de formes variables : pyramidales en Lochois, coniques à Ligueil et longues à Sainte-Maure.
Les célèbres rillettes et rillons de Tours formaient l’élément principal du repas que nous faisions au milieu de la journée, entre le déjeuner et le dîner de la maison dont l’heure coïncidait avec notre rentrée .
Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836
Bibliographie
- LAURENCIN Michel, La Vie Quotidienne en Touraine au Temps de Balzac, Hachette littérature, Paris, 1980.
- SCHWEITZ Arlette, « S’installer, se meubler, travailler » dans La maison tourangelle au quotidien : Façons de bâtir, manières de vivre (1850-1930) [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 1998.