Comme je l’exposais dans le Lys dans la vallée, une partie des paysages que l’on retrouve sur la route menant à Saché, où je séjourne bien souvent, est composée de landes, c’est-à-dire d’étendues naturelles dépourvues d’arbres, mais  regroupant divers arbustes ou plantes herbacées, comme la bruyère ou le genêt. Les landes sont caractéristiques de zones humides et tempérées, et donc particulièrement présentes dans l’ouest de la France. 

La lande, mot dont l’origine gauloise  landa  signifiait  « terre libre »,  est un espace  forestier qui a été dégradé à la suite d’un défrichage, plutôt buissonnant. Il s’intègre au système agricole  de façon très marginale, pour l’élevage ou  la  cueillette,  notamment la cueillette  de champignons.  

En tant qu’espace peu exploitable, la lande est régie par une forme de propriété collective, même si elle  intègre en son sein  parfois des enclos qui, eux, sont soumis à la gestion individuelle.  C’est un territoire de pacage, traversé par les troupeaux de la communauté paysanne qui gère les ressources de cet espace. 

Les landes tourangelles et particulièrement celles dites « de Charlemagne », non loin de la commune  Ballan-Miré, sont couvertes d’épines, et globalement incultes. Ces terres sont strictement  réservées au pâturage des troupeaux.  

Pour aller au château de  Frapesle, les gens à pied ou à cheval abrègent la route en passant par les landes dites de Charlemagne, terres en friche, situées au sommet du plateau qui sépare le bassin du Cher et celui de l’Indre, et où mène un chemin de traverse que l’on prend à Champy. Ces landes plates et sablonneuses, qui vous attristent durant une lieue environ, joignent par un bouquet de bois le chemin de Saché, nom de la commune d’où dépend  Frapesle.  

Honoré de Balzac,  Le Lys dans la vallée , 1836